L’écriture est la peinture de la voix - Voltaire

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Ecrire pour participer

Même à l’ère de l’informatique, le support papier reste prépondérant.

dimanche 6 décembre 2015, par Marc Weikmans

Un monde de papier.

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L’écriture est l’utilisation particulière, subjective de la langue. D’ailleurs, Voltaire disait de celle-ci : « L’écriture est la peinture de la voix. » c’est d’ailleurs ce qui la rend si différente de la véritable communication humaine, où le corps vient joindre le geste à la parole et étayer dans le non verbal toutes les transparences et tous les mystères du message : mains qui gesticules, sourires, clins d’yeux, mimiques, cris, onomatopées, etc.

Dans l’écriture, la parole ne peut compter que sur elle-même. Personne n’est là, face à vous, pour vous répondre, vous approuver, vous encourager à poursuivre, vous demander des explications…

Vous êtes tout seul, face à la page, Blanche.

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Il y a plus. La communication orale peut toujours être stoppée et remise ou non à une date ultérieure : questions sans réponses, messages interrompus, conversations inachevées…

Dans l’écriture, un mot en appelle un autre, une phrase détermine la suite d’un raisonnement ; il faut, coûte que coûte, avancer.

L’écriture s’engage bien avant le temps d’écrire.

Lorsque le lecteur découvre le texte, votre texte, dans un autre temps, dans un autre espace, il réinterprète votre message, le reconstruit dans un autre cadre de référence qui est le sien. Il est à son tour seul, mais avec vos mots.

L’écriture est une communication… à retardement.

Et vous n’êtes pas sûr d’avoir un jour une réponse à votre message. D’ailleurs, ce message, il pourrait même, cela arrive parfois, être dépassé lorsque le lecteur le recevra. A contrario, à l’image de certains philosophes, penseurs, chercheurs…, il pourrait ne jamais être compris de votre vivant.

Il n’est pas perdu pour autant : votre texte, c’est la trace figée pour toujours ou pour longtemps d’un « ici et maintenant », qui fut vrai à un moment donné. C’est magique ! : Le voilà inscrit dans la mémoire de notre monde de papier. Vos écrits restent.
Et dans ce monde de papier, l’écrit est un outil de communication primordial. Que nous rédigions un roman, un poème, un essai, un article, un mémoire, une lettre d’amitié, une invitation, un curriculum vitae, une lettre de demande d’emploi, une note de service ou un dossier technique, nous avons à nous poser ces questions toutes simples, car d’elles dépend la manière dont nous allons rédiger notre message : Qui est le destinataire ? Quelles sont les attentes ou les besoins de cet interlocuteur ? Quel est notre objectif ? Que voulons-nous, que désirons-nous ? Que pouvons-nous dire ou exprimer ? Que devons-nous éviter ? Quelle stratégie d’écriture faudra-t-il adopter ?... Autant de questions essentielles et déterminantes du succès qu’atteindra votre production : écrire, ne s’improvise pas !

Le lecteur est un absent qu’il faut rendre présent à l’esprit.

Mon style, c’est moi…

Écrire, c’est un peu se révéler, se trahir ou se cacher derrière des phrases. Écrire, c’est aussi interpeller le lecteur, le convaincre, le toucher, éveiller sa curiosité. Il faut l’accepter, cette dimension humaine de l’écrit : aussi fonctionnel, aussi technique soit-il, votre texte s’adresse à une ou plusieurs personnes. C’est cette dimension qui vous aidera à trouver vos mots pour le dire. Produire un texte, bien plus que d’ajouter encore un papier, un dossier, un rapport…, à des millions d’autres, c’est agir dans une relation bien déterminée et dans des buts précis. Alors, écrire, c’est faire.
L’écriture est une aventure humaine.

Pour « produire des textes » au sens de penser, de réaliser et de confexionner des textes, nous devons tout d’abord accepter de nous mobiliser : dans notre identité, avec notre histoire, notre bagage et nos savoirs.

On croit parfois et souvent à raison, que l’écriture relève d’un Savoir, d’une Culture qui ne serait pas accessible à tous. C’est vrai, mais il faut l’accepter. Parfois aussi, on s’imagine à tort, qu’elle devrait venir toute seule, qu’elle suppose un talent particulier, qu’elle est réservée aux intellectuels, aux « littéraires ». Certes, écrire peut être un art. Mais c’est avant tout un ensemble de techniques, un savoir-faire qui tient parfois de l’artisanal : il s’agit bien d’utiliser un matériau que sont les mots, les lettres, avec des règles de syntaxe et de grammaire ; du matériel que sont les supports comme papier et crayons, machine à écrire ou clavier et traitement de texte.

Avec ce matériau, il va falloir produire des idées pertinentes par rapport à une situation, une demande, un projet donné. Ce n’est pas « facile », depuis le tri des informations jusqu’à la mise en forme, en passant par la constitution d’un plan adéquat.

Écrire, ce n’est pas penser juste mais utiliser un code de manière pertinente.

La lisibilité en 7 maximes

1. entre deux mots, prenez le plus court.
Trop de mots longs : le lecteur se fatigue.
2. deux phrases courtes valent mieux qu’une longue.
Plus de 30 mots dans une phrase : vous ne serez pas compris.
3. votre vocabulaire est plus riche que celui du lecteur : réduisez-le. Écrivez avec des mots à lui. Si vous êtes obligés d’utilisez les vôtres, expliquez-les.
4. votre meilleure chance d’être compris, c’est la bonne volonté du lecteur. Pour l’encourager, évitez tous les mots qui pourraient lui déplaire inutilement.
5. le lecteur vous en veut de tout ce qui ne l’intéresse pas, de tout ce qui ne lui sert à rien. Sélectionnez… sans pitié pour l’auteur : vous !
6. vous avez plusieurs choses à dire.
Dans quel ordre ?
Le bon ordre, pour le lecteur est souvent l’inverse du vôtre.
Votre conclusion l’intéresse ? Commencez par là !
7. pour gagner l’attention du lecteur, parlez-lui de lui…
pour rester dans sa mémoire, faites entrer des hommes et des femmes dans votre message : Au moins lui et vous !

Pas de sentiment = pas de mémoire.

Et enfin, la question importante, voire fondamentale : « en quoi et pourquoi, le lecteur a-t-il BESOIN de mon texte ?

Proverbes, Sentences et Maximes autour de l’écriture.

Celui qui écrit, lit deux fois (Latin)
Ce que tu écris est ce qui te ressemble le mieux. (Arabe)
L’écriture est la peinture de la voix. (Voltaire, dictionnaire philosophique, « orthographe », 1764 et…
Le papier souffre de tout et ne rougit de rien. [De ce qu’une chose est écrite, il ne s’ensuit pas qu’elle soit certaine]
Si ce n’est pas écrit, cela n’a jamais existé (Tom Clancy)
Si tu veux être un bon écrivain, écris. (Epictète, Entretiens, II ; Ier s.)
Avant donc que d’écrire, apprenez à penser. (Boileau, art poétique, I, 150, (1674))
La première condition pour écrire, c’est une manière de sentir, vive et forte. (Madame De Staël, De l’Allemagne, II, (1842))
Gens de lettres, gens de peine. (Honoré de Balzac (1799-1850), Maximes et Pensées)
Quand la démangeaison d’écrire saisit un homme, rien ne peut le guérir que le grattement de la plume. (Samuel Lover, Handy Andy, XXXVI (1842))
César serait mort dans la mémoire des hommes si sa plume n’avait porté secours à son épée. (Henry Vaughan, Thomas Bodley’s Library (1650))