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Le Tanka

vendredi 17 juillet 2020, par Marc Weikmans

Le tanka est la forme poétique classique la plus ancienne et on la retrouve dès les premières anthologies japonaises ; ainsi, il y en a 4.170 dans le Manyôshû [1]
(vers 760).

Le tanka

Le tanka est un poème fixe construit en deux parties, la deuxième venant comme réponse, ou relance, à la première ; cette première partie est un tercet de 17 (5/7/5) syllabes et la deuxième est un distique de 14 (7/7) syllabes, ou vice versa. Si ces deux parties sont généralement écrites par un même poète, il n’est pas rare de voir des tankas écrits par deux poètes. Le tanka classique n’était pratiqué qu’à la Cour Impériale ; il est toujours considéré comme la forme la plus élevée de l’expression littéraire. Poème lyrique, exquis, raffiné, il explore des sentiments ‘’nobles’’, tels l’amour, la solitude et la mort, selon un ensemble de règles des plus sophistiquées.


Si les formes poétiques ont traversé les frontières du Japon et si le haïku est largement répandu en Occident, la pratique du tanka reste relativement rare. Il semble bien que le haïku, forme encore plus brève, ait fasciné davantage que le tanka. Qui sait ce qui serait advenu si, en 1905, Julien Vocante et Paul-Louis Couchaud avaient choisi le tanka au lieu du haïku pour écrire Au fil de l’eau, le premier recueil empruntant une forme poétique japonaise…

Bien que millénaire, le tanka reste toujours populaire au Japon même. À la suite du succès phénoménal de Sarada Kinenbi (Salad Anniversary, 1987), recueil de tenkas vendu à plus de huit millions d’exemplaires, Machi Tawara, un jeune poète de 26 ans, a reçu 200.000 tankas de ses lecteurs et lectrices.


Tankas japonais classiques

À quoi comparer
Notre vie en ce monde ?
à la barque partie
De bon matin
Et qui ne laisse pas de sillage
Manzei

Qui, pourtant ne demandent rien,
Ont frères et sœurs.
Quelle tristesse est la mienne
De n’être qu’un enfant unique !
Ichihara

Parce qu’en pensant à lui
Je m’était endormie
sans doute il m’apparut.
Si j’avais su que c’était un rêve
Je ne me serais certes pas réveillée
Ono no Komachi

Triste et solitaire
Je suis une herbe flottante
A la racine coupée
Si un courant m’entraîne
Je crois que je le suivrai.
Ono no Komachi

Ni matin ni soir
Je ne détache mes yeux
Des fleurs du prunier
A quel moment
Se fanent-elles donc ?
Ki no Tsurayuki

On sait bien que du lendemain
Nul d’entre nous n’est sûr,
Mais ce fut avant le soir
Aujourd’hui même qu’un homme
Nous donna tant de chagrin
Ki no Tsurayuki

À mon grand regret
Je ne puis me partager en deux
Mais, invisible,
Mon cœur vous suivra
En tous lieux.
Ikago no Atsuyuki

Je ne t’oublierai pas !
L’avait-elle assuré
En me disant adieu.
Depuis cette nuit-là, seule la lune,
Suivant son cours, est revenue.
Fujiwara no Ariie

Même si tu prends un autre oreiller
Pour reposer ta tête
Garde-toi bien d’oublier
Le souvenir du clair de lune
Qui tombait sur cette manche trempée de nos larmes.
Teika


[1Le Man’yōshū est la première anthologie de waka, poésie japonaise, et date des environs de 760. Elle contient 4 516 poèmes (répartis en 20 volumes) du IVe au VIIIe siècle sur divers sujets tels que la nature, l’amour, les voyages, et s’alimente des traditions légendaires nationales.
La compilation comprend 265 chōka (長歌, poèmes longs), 4 207 tanka (短歌, poèmes courts de 31 syllabes), 62 sedōka (旋頭歌, poésie qui remonte à la tête), 1 tanrenga (短連歌, court poème de transition), 1 bussokusekika (仏足石歌, poèmes bouddhistes), 4 kanshi (漢詩, poèmes chinois) et 22 passages en prose chinoise.
Les poèmes sont écrits en man’yōgana mais ont par la suite été adaptés en japonais moderne.
Son compilateur est Otomo no Yakamochi, qui était lui-même poète ; parmi les poètes choisis, on trouve Kakinomoto no Hitomaro, Yamanoue no Okura et Sami Mansei.
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