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Le Corps des fusiliers marins belge

jeudi 9 janvier 2025, par Marc Weikmans


  • Note liminaire
  • Préambule
  • Nouveau départ pour l’infanterie de Marine
  • Genèse du Corps
  • La DIVMAR et ses tâches
  • Renaissance
  • MARFUS atteint la vitesse de croisière


    Note liminaire

    Comme ancien de ce qui était à l’époque, l’Infanterie de Marine, je me suis dit qu’il n’était pas anodin de retracer l’histoire, le présent et le devenir des fusiliers marins belges. J’étais instructeur à la section instruction militaire de base pour les fusiliers marins. Bien entouré par mes collègues fusiliers marins, j’ai pris à l’époque, l’initiative d’intervenir pour, qu’à la place d’un képi de la Marine, nous soyons dotés d’un béret de couleur noire. Nous sommes tous issus de l’école d’infanterie avec, pour certains d’entre-nous, de l’école des paras-commandos de Marche-les-Dames ou en tous cas, en ayant le brevet de base. Nous avons alors doté ce béret de l’ancre surmontée de deux fusils croisés.

    Le Maître Marc Weikmans


    Je me suis dit aussi, à l’époque, qu’il nous fallait un blason et une devise. J’ai alors dessiné ce qui est encore actuellement une partie des armes de l’actuel Régiment FusMar : sur fond blanc, une ancre surmontée de deux fusils Fal M3  [1] avec la devise Courage to the last (courage jusqu’au bout).


    Les textes qui suivent, ont été repris d’articles divers que j’ai glané ci et là, et qui constituent la trame de ce document historique. Certaines photos sont issues de ces articles et d’autres de mes archives personnelles.



    Entraînement de tir au Blindicide (arme anti-chars)

    Préambule

    C’est à l’initiative du Maître [2] Thierry Senterre qui se démenât auprès de l’état-major, que fut attribué un fusilier-marin comme faisant partie à part entière à l’équipage des frégates en tant qu’adjoint au cox’n’ [3]. La tâche de ces fusiliers marins était de seconder le cox’n pour la discipline à bord, l’hygiène et la propreté, la sécurité (contrôle des dommages en tant que coordinateur des actions à mener en cas d’incendie et de contrôle des dommages en contact étroit avec le CCI (centre de contrôle du navire) et les rôles de garde au port. Se succédèrent à tour de rôle, les Maîtres Thierry Senterre, Alain Lams, Edouard Derijck, Alain Thonon et moi-même et ce, au cours de la fin des années quatre-vingt et durant les années nonante. Plus tard, comme vous pourrez le lire, une autre disposition fut mise en place.

    Le second Maître Lode Deschrijver (ex-commando)


    Les autres tâches des fusiliers marins étaient soit, l’instruction de base des nouveaux membres de la Force Navale, de faire partie des MP (Police Militaire) ou des rôles de garde des bases militaires en assurant également leur protection et défense ainsi qu’une tâche de prise et contrôle de navires suspect (boarding). Au terme de la seconde guerre mondiale, lorsque la marine nationale se dota de fusiliers-marins, fut constitué la Division d’Infanterie de Marine qui comportait douze pelotons de fusiliers marins, pelotons essentiellement composés de réservistes. Au cours de la guerre du Golfe Persique, des fusiliers marins furent embarqués sur des MSO [4] et du bâtiment de soutien logistique comme tireurs Milan ; le Milan étant un lanceur de roquettes destiné à la Force terrestre à la neutralisation des véhicules blindés et que nous avions adaptés à la mise en œuvre sur navire pour neutraliser les navires ennemis en cas d’attaque, car la flottille de la Force Navale présente dans le golfe persique avait un rôle dissuasif chargée de la guerre des mines qui encombraient le détroit d’Ormuz avec aucunes règles d’engagement.

    L’instruction des cadres actifs de ce qui, à l’époque, était dénommée Infanterie de Marine, s’effectuait à l’Ecole d’Infanterie sise à Arlon suivie d’une formation appropriée à la CENFORNAV (CENtre de FORmation NAVale) de Sainte-Croix à Bruges à la caserne Victor Billet. Les élèves candidats sous-officiers et officiers fusiliers marins, suivaient ensuite une formation pratique au champ de tir de Bourg Léopold, avant de recevoir le béret noir au terme de leur formation. Pour les cadres actifs, lors de leur passage à l’EI (école d’infanterie d’Arlon) d’autres formations étaient prévues : un stage pratique à l’école du génie de Jambes pour une instruction théorique et pratique des explosifs et un stage de six semaines à l’IRMEP (Institut Royal Militaire d’Education Physique) afin d’obtenir le brevet d’aide-moniteur en éducation physique et sports militaire.

    L’instruction pour les matelots réservistes et de carrière ainsi que les jeunes candidats sous-officiers de réserve et candidats officiers de réserve avait lieu à CENFORNAV à Sainte-Croix – Bruges.

    Franchissement d’assaut


    L’entraînement était assez intensif : lever à six heures au matin, séance de PT (Physical Training), ablutions, petit déjeuner et naturellement, les corvées de nettoyage des chambrées, sanitaires et pourtours des bâtiments ; suivit du salut au pavillon de la Force Navale, drill, cours de règlements, armement, tactique et lecture de cartes. Le soir et une partie de nuit, avait lieu une fois/semaine une dropping avec carte dans une région avoisinante où les candidats fusiliers marins, devaient s’orienter pour rejoindre un lieu déterminé ; mais aussi, il était régulièrement prévu de faire en fin de journée, des marches de plusieurs kilomètres avec équipement complet. Chaque session de formation comprenait, sans omettre les cours de combat rapproché et piste d’obstacle, également des cours de tactique pratique, par tous les temps, dans le domaine militaire de Rijckevelde (St-Croix – Bruges) et cette période de formation comprenait également un séjour en bivouac sous tentes individuelle avec exercices tactiques de jour comme de nuit ; enfin, avec des bateaux pneumatiques, il y avait l’apprentissage de franchissements d’assaut de canal et en mer, au départ d’un navire, débarquer sur une plage.

    Débarquement au départ de la mer avec dinguy


    À tour de rôle, un sous-officier d’élite, fusilier marin, était envoyé à l’ERM (école royale militaire) au bataillon avant (département chargé des formations militaires et académiques de base), comme AHO-3  [5]. Pour assurer les fonctions de RP (Régiment de Police) qui assurait la protection, la garde et la surveillance des installations des bases de la Force Navale, les fusiliers marins étaient dirigés par la DIVMAR (Division de Marines) dont le siège était établi à la caserne Bootsman Johnson à Oostende. Voilà, pour les grandes lignes historiques ; tout ceci pour dire, que, quand bien même peu nombreux, nous avions une solide formation et nous assumions tout de même une part non négligeable de responsabilités au sein de notre Force Navale qui aujourd’hui, a été rebaptisée Composante Marine.

    Baptême du feu à Bourg-Léopold


    Auteur : Premier Maître Principal (1MP e.r.) Marc Weikmans


    Alors qu’il n’existait plus d’infanterie de marine spécifique, cela allait bientôt changer. La DIVMAR (Division d’Infanterie de Marine), en tant que compagnie, aura un second souffle dans le giron de la réserve. Le capitaine de corvette Johan Proot fut le nouveau commandant de la DIVMAR. Au sein de l’armée de terre, chaque corps ou unité a sa propre couleur de béret : bleu clair pour la logistique, beige pour les troupes de transmission, vert pour les commandos, lie-de-vin pour les parachutistes et noir pour les troupes blindées. À la marine, tout le monde porte le béret bleu foncé qui nous est si familier, quel que soit le corps auquel il appartient. Mais est-bien cas ? Ici et là, un béret noir surgit dans la base navale ou dans l’une des casernes de la marine, celui des … fusiliers marins qui portent toujours leur béret avec beaucoup de fierté.


    Genèse du corps

    Lorsque la Marine passa en 1949 du ministère de la Mobilité au ministère de la Défense, de nombreux officiers de l’armée de terre furent transférés dans la Marine pour mettre en place l’administration et l’éducation militaires. Une compagnie complète de police militaire fut créée. En outre, en fonction de leur importance et de leur taille, des sections de sécurité et de défense virent le jour dans certains corps d’armée ; le cadre est complété par des sous-officiers qui avaient reçu une formation à l’école d’infanterie d’Arlon. L’infanterie de marine était née. Elle avait pour mission de garder les quartiers militaires et à former des groupes de débarquement à bord des navires en mission à l’étranger. Le vice-amiral Poulet, alors commandant des opérations navales, s’est efforcé dans les années 80 de professionnaliser davantage la Marine. L’ancienne infanterie de Marine ne restera pas en reste et fut reforgée en une seule unité. En 1988, la Division d’infanterie de Marine (DIVMAR) fut créée. Cette centralisation présentait plusieurs avantages. Parmi elles, citons la rationalisation des formations, une utilisation efficace des ressources matérielles telles que les armes et véhicules, la création d’une compagnie qui comprend toutes les composantes d’une unité d’infanterie et l’apparition d’un véritable esprit de corps.



    La DIVMAR et ses tâches

    Le Capitaine de vaisseau Ceux reçut la mission de développer le concept et il l’a fit en coopération avec le lieutenant de vaisseau de première classe Daniël Proot qui est devenu le premier et, le seul, commandant d’unité de la DIVMAR. Proot était un fantassin dans l’âme et dirigeait l’unité d’une manière ferme mais juste. Avec une équipe motivée de sous-officiers, il a fait de l’infanterie de marine une organisation professionnelle de marine à laquelle la Marine pouvait faire appel à tout moment.

    le Capitaine de Corvette Daniël Proot - Commandant de la DIVMAR


    Les tâches de l’infanterie de marine étaient variées. Outre la surveillance des quartiers militaires et le transport de munitions, un rôle dans la Défense militaire du territoire (DMT) leur a été attribué. Les fusiliers marins furent ainsi responsables de la surveillance de la centrale nucléaire de Doel durant un certain temps et, pendant la guerre du Golfe, ils ont été déployés pour protéger nos navires. La DIVMAR disposait également d’une capacité offensive et amphibie limitée. Celle-ci était équipée de canots pneumatiques. Presque en parallèle, une division d’infanterie de marine au sein de la réserve de la marine, la DIVMAR-Res. Elle vit le jour en 1985. La DIVMAR-Res atteignit rapidement un niveau opérationnel décent grâce au dévouement de son personnel et à un grand groupe de membres enthousiastes. Avec la suspension du service militaire obligatoire, les effectifs de la Défense se réduisirent fortement. La DIVMAR ne fit pas exception. En 1995, l’unité DIVMAR d’active est dissoute. La garde de Zeebrugge est créée mais ne reprend que les tâches de surveillance du quartier à son compte. La division de réserve de la DIVMAR-Res continue d’exister pendant quelques années avant de connaître le même sort que la DIVMAR d’active…

    Renaissance

    Au fil du temps, l’infanterie de marine ne semble plus qu’un lointain souvenir. Seuls les bérets encore portés par certains nous rappellent son existence. Puis, soudain, en 2016, le ministre Vandeput indique dans sa vision stratégique qu’il veut attribuer un rôle plus important à la réserve. La Marine a traduit cette note stratégique aux besoins de la composante. Pour elle, la réserve doit redevenir un pilier important de l’organisation, se fixant comme objectifs d’avoir 750 réservistes d’ici 2030. Parmi les missions que la Marine doit accomplir figurent la sécurité des côtes et la protection des ports. La protection des ports ? n’est-ce pas là une des premières missions de l’infanterie de marine ?

    Récemment l’état-major de la Marine a décidé de réorganiser les différentes divisions de la réserve en créant un lien direct avec les unités d’active. Dans le cadre de la protection des ports, il est décidé de créer une compagnie de fusiliers marins de réserve opérationnelle.

    La DIVMAR est de retour. Ses tâches seront très variées. Dans une première phase, la DIVMAR sera responsable de la sécurité et de la défense des installations côtières et des navires de la marine. Elle contribuera aussi à la formation des jeunes marins.

    Dans un deuxième temps, elle renforcera la capacité du futur module déployable de protection du port en établissant des équipes de zodiacs rapidement déployables en cas de menace accrue.

    En outre, la DIVMAR devrait également être en mesure d’encadrer et de renforcer les équipes d’arraisonnement dans le cadre d’opérations maritimes. D’ici 2030, forte de 128 hommes, elle devrait être rapidement opérationnelle. Le concept belge s’inspire des fusiliers marins de réserve français et de l’escadron de marine de la flotte, le Fleet Marine Squadron, de la marine royale néerlandaise. L’escadron maritime de la flotte a été créé pour soulager le Corps des Marines.
    Auteur : Pieter Vanhessche



    MARFUS atteint la vitesse de croisière

    C’est le 26 mars 2023, lors de la journée de la Marine à Oostende, le détachement des fusiliers marins (MARFUS) est officiellement créé, après qu’il avait été dissous à la suite de la suspension de la conscription. En conséquence, les effectifs de la Défense subissent une forte diminution. Le nouveau commandant du détachement, le capitaine de corvette Johan Proot, reçoit des mains du vice-amiral Jan De Beurme la bannière de l’unité. C’est avec une certaine fierté que le capitaine de corvette en retraite Daniel Proot, dernier commandant de la DIVMAR avant sa dissolution, voit son fils faire revivre cette unité.

    L’idée de recréer le détachement mûrissait depuis un certain temps. Après sa suspension, de nombreuses tâches précédemment effectuées par la DIVMAR ont dû être exécutées par d’autres unités, souvent en cumulé. En outre, le contexte de la sécurité maritime a également évolué de manière significative au cours des dernières décennies, avec, entre autres, la protection des navires marchands et des ports en tête des priorités. Ces défis signifient que notre marine, en partie sous l’impulsion de l’OTAN, doit également s’adapter à ce contexte changeant. L’intention initiale était de faire revivre le détachement des fusiliers marins au sein de la réserve, mais il a été décidé de recruter à a fois des militaires de carrière et des réservistes. D’ici 2040, l’unité devrait compter 250 militaires actifs et autant de réservistes.


    Avec beaucoup de dynamisme et de passion, des militaires de carrière et des réservistes s’associent aujourd’hui pour mettre en place et développer ce projet. Notre marine disposera ainsi, à court et à moyen terme, d’une toute nouvelle capacité expéditionnaire de « Harbour Protection « (protection des ports) ; d’ici à 2030, cette capacité devrait inclure la force d’un escadron complet pour passer à un bataillon avec trois escadrons et un élément cadre d’ici à 2040. L’unité aura un large éventail de tâches : protection des navires et des infrastructures portuaires critiques, tant du côté mer que du côté terre, soutien des opérations « Fort to Port » (transit d’équipement militaires d’alliés par le port d’Anvers ou de Zeebruges, par exemple), mise à la disposition d’équipes d’arraisonnement, de détachements de protection des navires (VPD – Vessel Protection Detachments) pour assurer la sécurité des navires marchands, protection de la force maritime (MFP – Maritime Force Protection), formation au tir au sein de la marine et formation de base (MIF – Militaire Initiale Formation) pour les candidats.

    Au sein de la Naval Academy, l’organisme de formation de la Marine, il y a déjà aujourd’hui des fusiliers marins qui encadrent la formation de base des recrues de la Marine et qui sont responsables de l’instruction au tir du personnel de la marine.
    Ce projet s’inspire en partie de nos voisins du nord, le Fleet Marine Squadron (FMS) de la Koninklijke Marine (La Marine royale des Pays-Bas) et les fusiliers marins français. À l’instar du FMS, la première compagnie sera également baptisée « Squadron MARFUS ».

    Auteur : Pieter Vanhessche, Sten Maelfeyt


    Identifiants personnels
    Lien hypertexte :


    [1fusils Automatique Léger modèle 3 à crosse repliable utilisée par les unités parachutistes et fusiliers marins
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    [2le grade de Maître à la Force-Navale correspond à celui de premier-sergent
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    [3maître d’équipage
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    [4Navires Chasseurs de Mines Océaniques
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    [5sous-officier opérations et entraînement
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