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Xénophane et l’unicité
Un seul principe, l’être total comme un, dieu unique.
dimanche 4 août 2024, par
Origine, vie, écrits
Chassé de sa patrie, il s’établit à Zancle de Sicile ; il vécut aussi à Catane. Selon certains, il fut le disciple de personne ; selon d’autres, il fut celui de Botôn d’Athènes, ou, selon quelques-uns, d’Archélaos. D’après ce que dit Sotion, il vivait à l’époque d’Anaximandre. Il écrivit des poèmes en vers épiques, des élégies et des iambes contre Hésiode et Homère en dénonçant ce qu’ils disent sur les dieux. Mais il récitait lui-même ses propres poèmes. On dit qu’il exprima des opinions opposées à celles de Thalès et à celles de Pythagore, et qu’il s’attaqua également à Epiménide. Il vécut très vieux, comme il l’atteste lui-même : Déjà sept et soixante sont les années qui ballottent mon inquiète pensée au long et au large de la terre de Grèce ; Depuis ma naissance, il y avait alors vingt-cinq ans à compter en plus, si du moins je puis parler de cela en toute exactitude.
Doxographie générale
Il dit que quatre sont les éléments des choses qui sont, que les mondes sont en nombre infini, mais sans différenciation l’un par rapport à l’autre. Selon lui, les nuages se forment lorsque la vapeur causée par le Soleil se porte vers le haut et les soulève jusqu’à la région qui enveloppe le tout. L’être divin est de forme sphérique, il n’a rien de semblable à l’homme ; tout entier il voit, tout entier il entend, sans pour autant respirer ; dans a totalité, il est esprit, intelligence, et il est éternel. Il fut le premier à professer que tout ce qui vient à être est périssable, et que l’âme est un souffle.
Il dit que la grande majorité des choses sont inférieures à l’intelligence ; et que rencontrer les tyrans, il fallait le faire le moins fréquemment ou le plaisamment possible. Empédocle lui ayant dit que le sage était introuvable, il lui répondit : C’est normal : car il faut être sage pour pouvoir reconnaître le sage.
Doxographie détaillée
Simplicius [2]
Aétius [3].
Un soleil s’éteint ; il s’en forme un autre au levant. Il a parlé d’une éclipse de Soleil ayant duré un mois entier et encore d’une éclipse complète, qui aurait fait du jour la nuit.
Il y a plusieurs soleils et plusieurs lunes suivant les climats, les régions et les zones de la Terre ; à certains moments le disque tombe sur une région non habitée de la Terre et, comme il serait inutile, il se produit une éclipse. Xénophane dit encore que le Soleil va à l’infini, mais il paraît tourner, à cause de la distance.
Le Soleil est utile pour la naissance et le bon maintien de l’univers et des êtres vivants qui le peuplent ; la Lune non.
La Lune est un nuage feutré. Xénophane : la Lune a sa lumière propre. La disparition mensuelle de la Lune est due elle aussi à l’extinction.
Tout cela (comètes, étoiles filantes, etc.) est constitué par la formation ou le mouvement des nuages enflammés.
Les éclairs proviennent des nuées que le mouvement rend lumineuses. C’est de la chaleur du Soleil, comme cause principale, que proviennent tous les météores. Celui-ci pompe l’humidité de la mer ; l’eau douce, en raison de sa légèreté, se sépare, puis se résolvant en brouillard forme des nuages ; par suite de l’épaississement la pluie tombe, à moins qu’elle ne se dissipe en vents.
Fragments
SILLES [4]
Puisque tous, dès le début, ont appris d’Homère. Homère et Hésiode ont attribué aux dieux tout ce qui chez les mortels provoque opprobre et honte : vols, adultère et tromperies réciproques.
Ils ont raconté sur le compte des dieux beaucoup d’actes contraires aux lois : vols, adultères et tromperies réciproques.
Les mortels s’imaginent que les dieux sont engendrés comme eux et qu’ils ont des vêtements, une voix et un corps semblable aux leurs.
Oui, si les bœufs et les chevaux et les lions avaient des mains et pouvaient, avec leurs mains, peindre et produire des œuvres comme les hommes, les chevaux peindraient des figures de dieux pareilles à des chevaux, et les bœufs pareilles à des bœufs, bref des images analogues à celles de toutes les espèces animales.
Les Éthiopiens disent de leurs dieux qu’ils sont camus et noirs, les Thraces qu’ils ont les yeux bleus et les cheveux rouges.
Les dieux n’ont pas révélé toutes choses aux hommes dès le commencement ; mais, en cherchant, ceux-ci trouvent avec le temps ce qui est meilleur.
PARODIES
C’est près du feu, en hiver, qu’allongé sur un lit moelleux, le ventre bien garni, en buvant du vin doux, en mangeant de temps à autres des pois chiches, il faut se poser ces questions : à quelle race appartiens-tu ? quel âge as-tu, mon brave ? quel âge avais tu lors de l’invasion des Mèdes ?
DE LA NATURE
Il n’y a qu’un seul dieu, maître souverain des dieux et des hommes, qui ne ressemble aux mortels ni par le corps ni par la pensée. Tout entier il voit, tout entier il pense, tout entier il entend. Mais c’est sans aucun effort qu’il meut tout par la force de son esprit. Il reste toujours, sans bouger, à la même place et il ne lui convient pas de passer d’un endroit à un autre.
Tout sort de la terre et tout retourne à la terre. La terre a pour limites, en haut, ce que nous voyons à nos pieds, du côté de l’éther ; mais les parties inférieures s’enfoncent à l’infini.
Tout ce qui naît et croît est composé de terre et d’eau. La mer est la source de l’eau et la source du vent. Car dans les nuages il n’y aurait pas de souffle de vent sans la mer immense ; non plus que cours d’eau, non plus que de pluies célestes ; c’est la mer immense qui donne naissance aux nuages, aux vents et aux fleuves.
Le soleil qui s’élève au-dessus de la terre et qui la réchauffe. Ce qu’on appelle Iris (l’Arc-en-ciel) est aussi un nuage qui paraît naturellement violet, rouge et vert.
C’est de la terre et de l’eau que nous naissons. Il n’y eut dans le passé et il n’y aura jamais dans l’avenir personne qui ait une connaissance certaine des dieux et de tout ce dont je parle< ; même, s’il se trouvait quelqu’un pour parler avec toute l’exactitude possible, il ne s’en rendrait pas compte par lui-même. Mais c’est l’opinion qui règne partout.
Voilà ce qui m’a paru ressembler à la vérité.
Tout ce qui s’offre à la vue des mortels.
Si Dieu n’avait pas créé le miel brun, les hommes trouveraient les figues beaucoup plus douces qu’ils ne font.
Extrait de Les Penseurs grecs avant Socrate.
[1] Apollodore de Pergame (né vers 104 et mort vers 22 av. J.-C.), professeur de rhétorique du premier siècle av. J.-C., Il passe la majeure partie de sa vie à Athènes où il rédige des ouvrages d’érudition, dont une chronologie en vers iambiques pour la période allant de la guerre de Troie à 144 av. J.-C.
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[2] Philosophe néo-platonicien du VIème siècle apr. J.C. Après la fermeture de l’école d’Athènes par Justicien (529), il se rendit en Perse, revint en 532 à Athènes oùil écrivit et enseigna dans le privé. Il nous reste de ses écrits philosophiques, dans lesquels il essaye de concilier Aristote et Platon : Des commentaire sur mes Catégories, Sur les Traités de l’Âme et du Cil, Sur la Physique d’Aristote, Sur le Manuel d’Epictète. Défenseur du néo-platonisme, il réfute les thèses du christianisme (comme celle de la création du monde dans le temps) et fournit des éléments à saint Thomas, à propos d’Aristote. Il nous laisse bon nombre de citations et de commentaires d’auteurs anciens.
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[3] (Ier - IIe apr. J.C.) : doxographe, auteur d’un recueil d’Opinions des philosophes.
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[4] Sorte de parodie railleuse
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