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Le Valeureux liégeois
Le chant patriotique et la liégeoise
dimanche 23 décembre 2018, par
Note liminaire
Le chant national d’origine de la principauté de Liège : le Valeureux liégeois
Valeureux liégeois !
Marchez à ma voix,
Volez à la victoire ;
La liberté
De la Cité [Dans nos foyers]
Vous couvrira de gloire.
I.
Célébrons par nos accords,
Les droits sacrés d’une si belle cause,
Et rions des vains efforts
Que l’ennemi nous oppose.
II.
Que peut craindre notre ardeur,
Quand sous Chestret nous portons [tous] les armes ;
A côté de ce vainqueur
Le péril [même] a des charmes
III.
Tendre époux, jeunes amants,
Pour quelques jours quittez [toutes] vos belles ;
Reparoissez triomphants,
Vous [en] serez plus dignes d’elles.
IV.
Mesdames ce n’est que pour vous
Qu’on brigue de porter l(d)es chaînes ;
Ecrasons nos tyrans jaloux
Et soyez nos souveraines
Si les deux couplets (1 & 2), pour d’autres (1 & 3), et le refrain sont de Gilles-Joseph -Evrard Ramoux (1750-1826), curé de Glons de 1784 à 1826, la composition musicale lui serait bien antérieure. La mélodie aurait déjà été chantée sous l’épiscopat de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763). L’auteur est resté inconnu.
G. Ramoux aurait écrit les deux strophes et le refrain de sa chanson à la suite de l’appel de Rouveroy, le 27avril 1790, exhortant les patriotes liégeois " à expulser des foyers de leurs concitoyens les ennemis de la patrie qui ont osé y pénétrer ". Cette proclamation fut affichée sur tous les édifices de la ville.
Devenue très populaire, la chanson de Ramoux reçut des couplets nouveaux.
Par un avertissement qu’il fit paraître dans la Gazette Nationale Liégeoise du 9 janvier 1793, G. Ramoux fit savoir qu’il n’en était pas l’auteur.
Après les journées de septembre 1830 (La révolution belge), Joseph Gaucet (1811-1852), un jeune poète de 19 ans, pour certains Charles Duvivier, composa, sur l’air du Valeureux Liégeois, La Liégeoise, dont certains couplets sont parfois repris dans le chant de Ramoux et dont d’autres sont sans doute volontairement oubliés.
La liégeoise
Belge valeureux
Pense à tes aïeux
A leur noble courage !
Que de sages lois
Défendent tes droits ;
Repousse l’esclavage.
César vainqueur de l’univers,
Te décerna le nom de brave ;
Des romains tu brisas les fers,
Aujourd’hui tu vivrais esclave !
au refrain
Belge, en tout temps la liberté
Te fit entendre sa parole ;
Parfois soumis, jamais dompté,
Tu la pris toujours pour idole.
au refrain
Si jadis on put endormir
Ta vigilance et ton courage,
Le jour qui te vit asservir,
Te vit sortir de l’esclavage
au refrain
Mais d’où viennent ces bataillons
et ces flots de guerriers bataves ?
Pour qui sont les fers, les canons
Que traînent ces hordes d’esclaves ?
au refrain
Et toi peuple dégénéré,
Va-t-en, retourne dans tes villes ;
Hollandais, ton sang abhorré
Souillerait nos plaines fertiles,
au refrain
Pour vaincre le Belge irrité,
Guillaume, laisse là tes armes ;
Fais qu’à ses yeux la liberté
Apparaisse avec tous ses charmes.
au refrain
Belge, en cet instant solennel,
Entends la voix de la patrie,
Et viens jurer sur son autel
De lui sacrifier ta vie.
au refrain
Une dernière version
Pour résumer, ce chant patriotique, le ‘’Valeureux Liégeois’’ a été créé vers 1790, quand la Révolution liégeoise est menacée par le retour des troupes autrichiennes venant rétablir l’autorité du prince-évêque César-Constantin-François de Hoensbroeck.
Il est controversé de savoir si c’est l’abbé Ramoux qui a écrit le « Valeureux Liégeois » en 1790, à la demande de Lambert-Joseph de Donceel, commandant des milices liégeoises, qui souhaite un hymne national « pour expulser des foyers de nos concitoyens les ennemis de la patrie qui ont osé y pénétrer ou s’il s’agit de quelqu’un d’autre ; il est possible que ce soit l’écriture de plusieurs révolutionnaires qui avaient besoin du crédit d’une personne écoutée pour que ce chant soit adopté ; ce n’est guère étonnant en ces périodes troublées comme ce fut également le cas pour La Brabançonne qui connut plusieurs versions.
Voici les paroles de cette autre version de cet air patriotique, plusieurs fois modifié (le texte original ne comporte que deux couplets ; celui reproduit ci-dessous en compte quatre).
Refrain :
Valeureux Liégeois,
Fidèles à ma voix,
Volez à la victoire !
Et la liberté de notre Cité
Vous couvrira de gloire.
Célébrons par nos accords
Les droits sacrés d’une si belle cause,
Et rions des vains efforts
Que l’ennemi nous oppose.
Que peut craindre notre ardeur ?
Sous Chestret nous portons les armes :
A côté de ce vainqueur
Le péril a des charmes.
César vainqueur de l’univers
Te décerna le titre de brave,
Des Romains tu brisas les fers,
Jamais tu ne vécus esclave.
Tendres époux, jeunes amants
Pour quelques jours, quittez vos belles ;
Reparaissez triomphants,
Vous en serez plus dignes d’elles.
Les étudiants liégeois de l’Université de Liège, des régionales liégeoises des autres universités (Université Catholique de Louvain) et des hautes écoles liégeoises ont pour tradition d’entonner une version qui comporte ce refrain :
Valeureux Liégeois,
Fidèle à ma voix,
Vole à la victoire.
Et la liberté
De notre cité
Te couvrira de gloire.
La révolution liégeoise
Selon Hervé Hasquin, la Révolution liégeoise était un miroir de la Révolution française ou en était même une partie. La Révolution en France et à Liège commença simultanément en 1789, et dans cette interprétation la Révolution liégeoise continuait après le retour temporaire du prince ; elle connut une deuxième phase avec l’entrée des troupes révolutionnaires françaises en 1792, et une troisième phase en 1794 avec le deuxième retour des Français.
Alors, la révolution finit en 1795 par la disparition de la principauté et son incorporation à la République française. Pendant cette phase la révolution a montré des épisodes extrêmes, par exemple la démolition de la cathédrale Saint-Lambert par les révolutionnaires liégeois mais également des épisodes prometteurs : Les Liégeois purent, pour la première fois, exprimer leur volonté à travers des élections au suffrage universel masculin et un plébiscite pour la réunion de la Principauté à la France.
Selon d’autres [réf. nécessaire], la révolution se déroula pendant la période où le prince-évêque était absent, dès son départ pendant la nuit du 26 au 27 août 1789 jusqu’à son retour le 12 février 1791. Dans cette interprétation, la Révolution liégeoise était la contrepartie de la Révolution brabançonne dans les Pays-Bas autrichiens, qui a échoué.
Cependant, il y a une contradiction dans cette interprétation : la Révolution liégeoise, à l’instar de la Révolution française, a pour but une remise en question profondément progressiste de l’ordre politique et social, au contraire de la Révolution brabançonne qui s’inscrit dans la contestation et le rejet des réformes progressistes de Joseph II.
La Révolution liégeoise aboutira à la réunion de la Principauté à la France, alors que les Liégeois ne participèrent pas à la Révolution brabançonne, ni aux États-belgiques-unis.
La Révolution liégeoise fut, comme on peut s’y attendre, une période troublée : en 6 années, les Liégeois passèrent du régime épiscopal à la France en passant par une République liégeoise et par plusieurs restauration du pouvoir ecclésiastique. Il est donc nécessaire de retracer la chronologie des événements-clés pour bien comprendre les aléas du destin de la Principauté pendant cette période.
• 1772 : Velbrück est désigné prince-évêque de Liège, il encourage les arts et les idées nouvelles jusqu’à sa mort en 1784.
• 1784 : Hoensbroeck remplace Velbrück sur le trône épiscopal, il est beaucoup plus autoritaire et réactionnaire que son prédécesseur.
• 1789 : La révolution éclate simultanément à Paris et à Liège. Hoensbroeck fuit en Allemagne et la République liégeoise est proclamée.
• 1791 : Première restauration : l’armée autrichienne replace Hoensbroeck sur le trône épiscopal. La plupart des patriotes liégeois s’exilent à Paris.
• 1792 : Hoensbroeck meurt et est remplacé par François-Antoine-Marie de Méan qui doit fuir précipitamment suite à la bataille de Jemappes, qui permet aux troupes françaises de Dumouriez de prendre le contrôle de la principauté et des Pays-Bas autrichiens.
• 1793 : Les citoyens liégeois plébiscitent la réunion de la principauté à la France. Mais à la Bataille de Neerwinden, les Autrichiens défont les troupes françaises et restaurent, pour une seconde fois, le prince-évêque à Liège.
• 1794 : Bataille de Fleurus et bataille de Sprimont, les Français reprennent la principauté.
• 1795 : L’incorporation de la principauté à la France est entérinée par la Convention nationale.
Origines du mécontentement
La révolution proprement dite

De novembre 1789 à avril 1790, les Prussiens occupent Liège et d’autres grandes villes de la principauté, chargés d’une mission de médiation entre les révolutionnaires et le Cercle de Westphalie.
En 1790, Jacques-Joseph Fabry et Arnold-Godefroid-Joseph Donckier de Donceel sont élus corégents de Liège.
Mais il est impossible de concilier les aspirations libérales du peuple liégeois et l’entêtement autoritaire de Mgr Hoensbroeck en exil. L’empereur d’Autriche Léopold II, après avoir repris possession des Pays-Bas, intervient pour rétablir le pouvoir épiscopal dans son intégrité.
Interprétations

Selon d’autres, la révolution se déroula pendant la période où le prince-évêque de Liège était absent, dès son départ pendant la nuit du 26 au 27 août 1789 jusqu’à son retour le 12 février 1791. Dans cette interprétation, la révolution liégeoise est la contrepartie de la révolution brabançonne dans les Pays-Bas autrichiens, qui a échoué. Cependant, il y a une contradiction dans cette interprétation : la révolution liégeoise, à l’instar de la Révolution française, a pour but une remise en question profondément progressiste de l’ordre politique et social, au contraire de la révolution brabançonne qui s’inscrit dans la contestation et le rejet des réformes progressistes de Joseph II. La révolution liégeoise aboutit à la réunion de la Principauté à la France, alors que les Liégeois ne participèrent pas à la révolution brabançonne, ni aux États belgiques unis.
Références. :